mardi 20 octobre 2015

Plus belle la vie à Caracas. (janvier 2014)








Hotel "olé caribe"... face à la mer.
Les caraibes, la langueur des rivages, le massage de la mer sur les esprits... anesthésie générale.
Le décor est planté... fermer les yeux et le laisser pousser. Ou pas.
Ce genre de décor où tout apparat tient du caprice, le moindre supplément tire sur la fioriture.
"Je suis heureux, il fait soleil" dit Jean-Roger Caussimon dans la chanson.
"Et pourtant..." ajoute t'il.

Les caraibes donc.
Un hôtel même en bord de mer a sa piscine, comme pour rétablir un équilibre avec le brut, le naturel, les éléments. On domestique, on se confine dans l'apprivoisé, on se rassure.
Et puis il y a cette ambiance autour des piscines, le rendez-vous avec la lumière, les regards croisés décomplexés, l'eau n'étant que le prétexte à se dévêtir, on est là pour ça... se regarder.Y'a bien quelques enfants qui se baignent innocemment, mais bon...
Cet hôtel au chic désuet attire le vénézuelien fortuné reconnaissable à son tour de ventre et à l'âge de sa compagne inversement proportionnel au premier (des sociologues y démontreraient probablement un lien de cause à effet). C'est là un trait commun du Venezuela avec le Moyen-Orient.
Curieux comme le rapport masse/richesse varie d'un pays à l'autre: aux Etats-Unis le gros est celui qui se nourrit pour pas cher dans les fast-foods alors que le même Mac-donalds est un produit de luxe dans bien des pays en voie de développement.
Autre point commun avec le moyen-Orient, il ne sert à rien d'avoir de l'argent si on ne le fait pas savoir de manière criante (hurlante!)...bijoux, chirurgie esthétique etc...on laisserait facilement pendouiller l'étiquette du prix si la marque n'était pas facilement visible sur les vêtements, mais on s'arrange pour qu'elle le soit.
Quant à la chirurgie esthétique: si tes parents te reconnaissent après l'opération, t'as perdu, t'y retournes.
C'est d'ailleurs pour ça sûrement que cela ne commence qu'à douze ans, quand les enfants ont un minimum d'autonomie.
Décomplexé du fric le vénézuelien.
Décomplexé de l'alcool aussi d'ailleurs.
A l'hôtel "Olé Caribe" on est priés de ne pas venir armé au petit-déjeuner et un panneau nous le rappelle. on laisse la carabine dans le pyjama. On intimide le serveur si on veut mais avec sa force naturelle, c'est moins drôle mais c'est comme ça!
Ceci dit, moi par exemple, je peux dire avoir obtenu un café sans menace...bon c'est vrai, peut-être qu'il m'aimait bien le serveur, ou c'est peut-être le croissant flingue que j'avais dans la main qui lui a fait peur...
Quand j'ai vu que dans toute l'enceinte de l'hôtel le port d'armes était interdit, je me suis dit que pour aller fumer une cigarette à l'extèrieur , il fallait peut-être que je sorte armé...alors je l'ai fumée avec une pierre dans la main au cas où.
Drôle de pays le vénézuela.
Tiens, je vais me ramener un jerrycan d'essence, c'est ce qu'il y a de moins cher et puis comme ça j'aurai l'impression de ne pas être venu pour rien.

Je voyage mais je me soigne (shanghai juin 2014)














Shanghai, hotel Méridien, le 26 avril 2014, 23h...en pose de moi au très luxueux bar panoramique du 65ème étage.
Un bar panoramique parmi les autres, en ordre de bataille, face à moi.
Un peu plus près du ciel, un peu plus près du découvert aussi, whisky hors de prix.
Vue dominante voir dominatrice, on baisse la tête pour se sentir un peu plus fier, un peu plus fort, voir autre chose que ses pieds.
Shanghai, c'est pompéi, ça se débat dans la fumée et les gaz; néons multicolores partout, autant de phares dans la ville sans quoi on n'y verrait pas à 100 mètres.
Des phares qui ne nous épargnent pas les écueils par contre, on est étranger et ça se voit:
- Hello, massage? massage? ...sex massage?
- No, thank you! (je le remercie quand même... putain d'éducation! Allez si ça se trouve il est sympa, il bosse bénévolement pour sa copine).
- Beautiful girl?
- No
- Young girl?
- NO!
- What you're looking for?
Faut forcément chercher quelque chose ici.
- Shanghai museum.
Et là je dois casser un mythe, il semble plus facile de trouver une prostituée que d'acheter un paquet de clopes dans ce pays, alors un musée n'en parlons pas!
Enfin tranquille, je fais 20m et on m'aborde de nouveau pour me parler de "performance du thé", je dis "cérémonie ?" Non... "performance!"
-Ah, non merci, je ne suis pas très sport!
Bref on n'en peut plus de n'avoir besoin de rien ici, de juste marcher: la flânerie est contre-productive, se laisser vieillir sans combattre, sans n'y rien faire, en regardant les autres se débattre à finalement faire pareil...vieillir.
On se trouve presque con de n'avoir rien à acheter, même pas une ombrelle pour garder ce teint diaphane, pâle et chic de la bonne société chinoise. En Chine c'est les paysans qui sont bronzés...faudra leur dire sur la croisette à Nice. Ben non tiens, je serai un "point soleil" à moi tout seul!
On se sent romantique en Chine, cet idéalisme, cette propension à l'évasion...même Claude Guéant, Cahuzac ou Michel sardou passeraient pour des personnages de "Madame Bovary".
Le chinois, lui est plus pragmatique... il ne s'évade que de ses baskets la nuit pour dormir, et encore pas plus de 5 heures! Pas de temps à perdre , y'a des trucs à vendre.
Est ce que j'arriverai à être autre chose qu'un porte-feuille? Je sais aussi être juste décoratif pour peu qu'on m'ait habillé et parfumé pour la circonstance!
Il se fait tard... tout ça c'est trop de luxe pour moi et cette musique lounge mondialisée bossa-nippone, afro-chinoise, electro-samba-thai, orientalo-scandinave, je sature...t'es chez toi partout tant que tu consommes, mets toi à l'aise on n'en veut qu'à ton fric!
On n'est pas bien au dernier étage?
Allez le paysage une dernière fois avant d'aller me coucher: d'ici tout est reflet, lumières artificielles multipliées par les vitrines, le regard est toujours détourné, indirect, entre deux plans, défragmenté, toujours encombré du devant et du derrière, surmené...je suis fatigué.